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 "Lolita, light of my life, fire of my loins. My sin, my soul. Lo-lee-ta: the tip of my tongue taking a trip of three steps down the palate to tap, at three, on the teeth. Lo. Lee. Ta."

Vladimir Nabokov, Lolita.

 

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C’est l’histoire de deux cœurs qui ne doivent plus s’aimer. L’un parce qu’il est trop vieux, qu’il n’en a pas le droit. L’autre parce qu’il est trop jeune et qu’il n’a pas le choix.

 

 

 

 

 

Comment c’est arrivé ?

Par hasard. Non, bien sûr que non.

Le hasard, ça n’existe pas.

Les chances sur un million se réalisent neuf fois sur dix.

Elle se trouve là, exactement là, et il ne voit qu’elle.

Depuis des mois, il n’y a plus qu’elle.

Elle est née pour la littérature, il le sait dès la première fois. Ses écrits le transpercent, il entre en résonance. Il pose  son stylo rouge, celui du maître, du guide. Il lit tout, jusqu’au bout. Les mots s’envolent, bulles irisées et légères, ils montent dans l’air du soir, traversent le plafond. Montent encore, droit au ciel. Rien ne les arrête. Il est là, tout là-haut, avec eux.

 

Elle est discrète et intervient rarement, passagère silencieuse mais attentive de ses cours.

Si discrète, mais il n’entend plus qu’elle.

Elle attend son bus, sous la pluie. Il s’arrête, c’est sur sa route lui dit-il.

L’évidence les  traverse, violente, inévitable.

Interdite.

Il lui ment. Il se ment. Ma Petite Fleur. Va, tu es faite pour vivre au soleil, et moi je suis déjà entré dans l’ombre. Ce n’est pas raisonnable, il faut cesser.

Mais pour elle, il n’y a que lui.

Regarde nous. Je m’en veux. File, vole, vis. Ta vie est devant toi.

Elle ne l’écoute plus, de sa bouche elle referme la sienne, il abdique.

  

 

Ils se retrouvent dans la montagne, loin des regards, loin de la ville, loin du monde.

Elle fait des bouquets de jonquilles, tout ronds, des bouquets de mariée dit-elle.

Puis elle s’agenouille à ses côtés et fait pleuvoir les fleurs sur son visage, il rit.

Il sourit. Il vit. Il est aimé. Il aime. Il ne veut plus penser.

Ils s’aiment comme le font les enfants, librement, sans calcul, sans projets.

Les projets, c’est pour ceux qui ne savent pas vivre l'instant dit-elle, ce qui importe, c’est le présent.

N’attendons pas.

Elle sait bien que ça ne durera pas.

Alors elle l’aime, encore plus fort, elle fait des provisions.

Elle voudrait qu’étreinte soit l’anagramme d’éternité.

 

 

 

Quand la rumeur  enfle, elle veut le protéger.

Alors elle lui ment, avec toute la conviction de ses quinze ans.

Tu as raison. Même tes mots sentent le vieux. Lâche ma main, j’en trouverai une autre, plus ferme et plus solide, une main que j’étreindrai, je ne veux pas ralentir ma course, je ne veux plus t’attendre. J’ai la vie devant moi.

 

Quand elle lit dans ses yeux qu’il la croit, elle entend distinctement son cœur éclater.

En face, l’autre cœur saigne.

 

C’est l’histoire de deux cœurs qui ne doivent plus s’aimer.

L’un parce qu’il est trop vieux, et qu’il n’a plus le droit.

L’autre parce qu’il est trop jeune, et qu’il n’a plus le choix.

 

 

 

 

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Viola, in Illyria, October 10th, 2011

 

 

 

 

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  • : Viola's book of mirrors
  • : "C'est parce que Shakespeare ne parle jamais de lui dans ses pièces que ses pièces nous le révèlent complètement, et nous montrent même mieux sa véritable nature et son tempérament que ces sonnets étranges et exquis où il met à nu pour les yeux lucides le trésor secret de son coeur. Oui, la forme objective est, en définitive, la plus subjective. L'homme cesse d'être lui-même dès qu'il parle pour son propre compte. Donnez-lui un masque et il vous dira la vérité." Oscar Wilde, Intentions
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